Les métiers du BTP souffrent depuis longtemps d’une mauvaise image auprès des jeunes. Ce problème, bien connu, freine le recrutement de nouveaux talents dans le secteur.
Déjà en 2005, un rapport du CREDOC (Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de Vie) alertait sur ce phénomène. Intitulé « Orientation et professionnalisation des jeunes dans le secteur du bâtiment », ce rapport soulignait que le BTP faisait partie des secteurs les moins attractifs. Pourtant, il représentait à lui seul 8 % des offres d’emploi en France à l’époque.
Les raisons évoquées restent valables aujourd’hui. Beaucoup de jeunes s’orientent vers le BTP non par passion, mais par défaut, faute de résultats scolaires suffisants pour poursuivre une formation classique. Les élèves dits « turbulents » ou en échec scolaire sont aussi souvent réorientés vers les métiers du bâtiment.
À cela s’ajoute une image négative tenace. Le BTP est encore perçu comme un secteur pénible, dangereux et mal rémunéré. Cette perception décourage les nouvelles générations à s’y engager, malgré les opportunités d’emploi nombreuses et durables qu’il offre.
Les qualifications des jeunes générations sont moins bonnes
Pendant des années, l’Éducation nationale a mis de côté les métiers manuels, notamment ceux du bâtiment. Résultat : les jeunes générations sont souvent moins bien préparées que leurs aînés pour exercer ces métiers.
Ce manque de préparation crée un double problème. D’un côté, les métiers du BTP n’attirent pas, de l’autre, la formation est insuffisante pour répondre aux besoins. Les entreprises du secteur peinent donc à recruter des talents qualifiés.
Beaucoup de chefs d’entreprise du BTP constatent l’absence de formations locales adaptées. Ils doivent souvent se débrouiller seuls pour attirer et former de nouveaux employés.
Pour y faire face, plusieurs solutions existent. D’abord, le recours à l’apprentissage permet de former directement en entreprise. Ensuite, certaines entreprises baissent leurs exigences pour élargir le vivier de candidats : elles acceptent des profils moins qualifiés ou moins expérimentés. Enfin, elles proposent parfois des salaires plus attractifs pour convaincre les candidats de rejoindre leur chantier.
Peu de candidats dans le secteur du bâtiment et moins de choix pour les employeurs
Les difficultés de recrutement dans le BTP s’expliquent aussi par un fait simple : il y a trop peu de profils disponibles. Les employeurs n’ont donc que peu de choix lorsqu’ils cherchent à embaucher.
La crise sanitaire a aggravé la situation. Les confinements ont stoppé de nombreux stages de fin d’études, notamment dans les métiers comme grutier ou autres postes techniques. Résultat : les candidats sont moins qualifiés.
Autre problème majeur : la main-d’œuvre étrangère, essentielle pour combler le manque de travailleurs en France, n’a pas pu venir à cause des fermetures de frontières.
Depuis avril 2021, la situation ne s’est pas améliorée. Les entreprises du BTP sont toujours en manque de bras. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
- 80 % des entreprises du bâtiment peinent à recruter
- 33 % des contrats en alternance n’arrivent pas à leur terme
Face à cette pénurie de main-d’œuvre, trouver une solution rapide et efficace devient crucial pour le secteur.
Certains métiers du BTP sont plus négligés que d’autres.
L’Observatoire du BTP a mené une enquête en interrogeant des représentants d’entreprises du bâtiment et des travaux publics. Les résultats de cette enquête montrent que 7 entreprises sur 10 anticipent des difficultés de recrutement dans le secteur du BTP, une proportion qui a fortement augmenté en seulement 5 ans. Certains métiers sont plus difficiles à trouver que d’autres, notamment les métiers de serrurier mésallier, couvreur, installateur d’équipements thermiques et climatiques, carreleur, peintre, charpentier,manoeuvre ou menuisier ou ingenieur.
Face à ces difficultés de recrutement, les entreprises du BTP se tournent de plus en plus vers une main d’œuvre européenne, formée dans des pays comme la Roumanie en vue d’un départ en France. Cette main d’œuvre a l’avantage d’être à la fois qualifiée et disponible, deux qualités que l’on trouve de plus en plus rarement en France chez les candidats aux métiers du BTP.
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